Nouveau Portfolio : Mémoire du futur 2
L’Association bien connue basée au Carbet, présente ici son 2ème portfolio après celui présenté au MAC du Marin en 2015.
Décrivons la belle aventure : d’abord il a fallu réaliser un dessin original, fondateur, appelé « la matrice ». A partir de cette base originale 60 fois photocopiée, chacune des 14 artistes a brodé, phantasmé, construit 60 dessins (minimum !). Puis a sélectionné les 56 meilleurs et en a mis un dans chaque boîte. Le propriétaire de chaque boîte portfolio aura donc 14 dessins différents, datés et signés de leur auteur.
L’idée d’élaborer un tel travail vient de la tradition mais remise à l’heure du jour par Dominique Berthet ici en Martinique. Nous le remercions de nous avoir permis de suivre sa voie.
Elisabeth ALEXANDRINE
L'arbre de vie.
Cet arbre porte quatre cœurs qui sont les quatre "formes" d'amour selon la mythologie grecque :
Agapé, l’amour divin inconditionnel
Eros, l’amour sexuel
Storgè, l’amour familial, l’attention mutuelle
Philia, l’amitié et la camaraderie
Michèle ARRETCHE :
Sur un fond rose, l’extérieur. Sur un fond bleu, l’intérieur. Entre réel (collages, slogans publicitaires) et irréel, un voyage dans mon imaginaire.
Suzy BLAND
J’ai réalisé deux matrices reproduites à l’identique pour accentuer le message.
Les mains de toutes les couleurs symbolisent les Femmes et les Hommes dans leurs diversités. Les mains se croisent car la solidarité fait partie des relations humaines.
Quant au paysage de mon petit coin de paradis, il est à l’image du bonheur, de la tranquillité, de la paix, tels qu’on les imagine effectivement au paradis.
Nadia BURNER
« Alors la femme glissa dans la résignation. Et, pour éviter la blessure, dans la complicité. » Gisèle HALIMI, La cause des femmes, 1973
Quoi de plus troublant qu’entendre une femme qui s’affirme fièrement potomitan rire en disant « kòk an-mwen déwò, maré poulèt a-zòt » ; quoi de plus troublant qu’entendre une femme qui s’affirme fièrement entrepreneure dire avec mépris « an pa ka travay évè fanm, tròp dézagréman ». Quoi de plus troublant que ma pensée toute étonnée devant tant et tant de plis à déconstruire jour après jour. La matrice est la cage et le nouveau monde s’avance entre sororité et tradwife*.
* #tradwife (épouse traditionnelle) nouvelle tendance venue du Royaume Uni prônant l’obéissance au mari et le retour aux valeurs des années 1950.
Fabienne CABORD
Le retour des drapeaux
Une matrice revient comme un refrain dans ce second portfolio du PABE. Cette matrice est le détail d’une peinture créée en 2020, en pleine effervescence autour des drapeaux ; le rouge-vert-noir, le « ipséité » de la CTM, le bleu-blanc-rouge de l’Etat français, sans oublier le drapeau aux serpents. Chacun de ces drapeaux suscite de vives discussions, des polémiques enflammées et ce phénomène exprime l’indéniable malaise de la société martiniquaise, comme il en souligne les fractures.
Cette matrice de forme verticale rappelle une porte, qui quand on l’ouvre permet d’aborder différents thèmes en lien avec la société martiniquaise. Ces thèmes sont depuis toujours au cœur de mon travail, le consumérisme, la malbouffe, l’inégalité entre hommes et femmes, sans oublier l’actualité politique avec le déboulonnage des statues, le chlordécone, le covid.
Cet ensemble s’intitule « Le retour des drapeaux ».
J’essaie de retranscrire la réalité sociale à travers le prisme d’une distanciation humoristique, qui ne gomme pas totalement une forme de critique.
Les mots sont très présents, messages publicitaires découpés, slogans et tags prélevés dans l’espace public, proverbes détournés qui m’inspirent des jeux de mots et rythment la série. Nous sommes dans de beaux drapeaux, nous sommes dans de beaux draps…
Ces compositions dynamiques et souvent foisonnantes, où se marient collages, dessins, écritures et aplats de couleurs, sont un reflet de la société martiniquaise.
Claudy DALLA-FONTANA
Les trois matrices réalisées à partir de planches en linogravure m’ont permis, grâce aux lignes droites, lignes courbes, circonvolutions, et ensuite à l’application de couleurs vives, de construire ce travail.
J'ai été vivement inspirée par la visite d’une exposition consacrée à l'art des Aborigènes d'Australie.
Ce travail minutieux, répétitif, et pour finir addictif m'a conduite à fournir la quantité d'œuvres imposées, ce qui ne fut pas une contrainte, bien au contraire ! J'aurais pu, après en avoir peint 70, continuer encore et encore...
Anick EBION
Le mouvement dans l’espace, le geste, l’énergie, la dynamique du danseur(euse) et de la nature.
« Danser c’est inscrire son corps dans l’espace comme un trait sur une page. Dans chorégraphie, il y a graphie. Dessiner la danse c’est inscrire le trait dans le prolongement du mouvement ».
Rapidité de l’exécution avec recherche de l’émotion par l’utilisation de plusieurs mediums : encres, aquarelle, acrylique, fusain, feutres, pastels.
Quelques danseurs et danseuses célèbres : Nijinski, Loïe Fuller, François Alu …jusqu’au simple mouvement dansé où l’émotion prime sur l’esthétique …comme le vent dans les arbres avec ce clin d’œil au mistral de la Provence.
DAOUÏA
Recette n° 1450 de La machine Anti-toile blanche : Comment élaborer une matrice.
- Choisir 5* objets au hasard issus de domaines** très différents.
- En sélectionner 3.
- Construire un assemblage (dont l’esthétique, l’équilibre, l’humour, la cohérence, le non-sens, etc. vous convient).
- Le figer sur un support papier ou toilé. Puis le multiplier autant que souhaité.
- Dessiner ou peindre sur l’assemblage un nouveau tableau qui contrastera par ses formes, couleurs, taille, style…Par analogie, également, on surlignera, caricaturera, etc. un existant (Ici un sapin de noël, une veuve noire, le chapeau de Zozo…) ***
Sur ce support-matrice noir un peu romantique, farfelu, confus, j’ai choisi d’utiliser des couleurs flaschies ; des lignes droites qui s’entrecroisent dans de nouvelles perspectives… Elles encadrent finalement les parties trop discrètes, presque invisibles, d’une matrice qui impose des figures très tranchées.
*Selon le format final on en varie le nombre.
**Ici : plumes de pintade, chaussure, peaux d’ail.
***Dessin A 4 ; acrylique fluo.
Sylviane FEDRONIC
Émotion et moi.
Voici quelques portraits colorés, de Femmes et d’Hommes, si divers d’apparences: solides comme la pierre ou fragilités de porcelaine, ultra sophistication ou cool en Marcel, attentifs yeux écarquillés/ regards perdus...
Toutes et tous si différents, nous le savons.
Mais nous savons aussi que malgré toutes nos singularités, nous partageons un fond commun, primaire, dont font partie les émotions. Peur, colère, tristesse, joie...
En peinture, nous disposons des couleurs que nous mélangeons pour obtenir une palette infinie de nuances, et que nous utilisons en fonction des moments de nos vies, des signaux reçus de l’extérieur ou de l’intérieur de nous-mêmes.
C’est ainsi qu’aujourd’hui dans ce travail, j’ai voulu mettre à l’honneur les émotions.
Marie-Annette FOURNIER
SPHÈRE
SPHÈRE, où nos vies convergent sans cesse autour du même centre. Nos envies, réalisées, contrariées.
Nos douleurs passées ou « acceptées ».
Nos joies ; nos craintes.
L’existence se situerait-elle dans cet espace impénétrable au tréfonds intime de nos êtres à continuellement s’étonner, se questionner, refuser, espérer, se révolter ou souhaiter ?
La vie serait-elle meilleure dans notre sphère? Le bonheur existerait-il ? L’espoir, l’amour aussi ? Mais la peur, la mort sont également là, elles seront toujours là… Malgré tout, l’instinct de survie nous bousculera sans répit, puisqu’il y a tant encore à explorer….
SPHÈRE où nous nous réfugions sur-le-champ, recroquevillées, la tête entre nos genoux par la frayeur du chat échaudé… finalement c’est cela la vie. Sans aucun doute l’empreinte unique de tout être, et de tout ce qui le détermine. De ce que nous sommes.
Monique HARDY
De mon tableau " Eléments" qui rassemble terre, mer, sable, soleil et eau, on capture le soleil, tordu de tellement briller et il se retrouve dans les peintures du portfolio, tantôt pour des femmes couronnées que pour accompagner les relations de tendresse entre l'humain et la Nature tout comme l'humain et l'animal ( le cheval en exemple ).
Le rêve est plus présent que le réel.
Hélène JACOB
Tic-Tac-Tic
Le personnage de Vénus dans le tableau peint par Sandro Botticelli en 1485 est une déesse qui nait de la mutilation des parties génitales de son père Ouranos et de l’écume de la mer. Elle est l’incarnation de la beauté et de l’amour issue pourtant d’une fracture et d’un acte de violence extrême. En équilibre, ingénue, sensuelle et érotique, s’agit-il de la représentation de la femme émancipée ou de l’idéal masculin sur fond de cliché ?
Dans mes dessins, j’ai voulu aborder les états émotionnels dans lesquels plonge la naissance de l’amour : cristallisation, ivresse, aveuglement, noblesse, émerveillement, plaisir, douleur…Comme toutes les naissances, celle-ci est rythmée par le tic tac du temps qui passe, annonciateur de la vie et de la mort, de l’attente, des rêveries, des doutes, de la rupture, du renouvellement …La position dite en Contrapposto de la Vénus accentue ce déséquilibre émotionnel. Chaque dessin raconte ainsi une histoire, une étape, dans ce tourment exquis de la naissance du sentiment amoureux et du bouleversement qu’il provoque, exprimé par un large éventail de techniques mixtes et d’une palette de couleurs saturées et contrastées.
Références : Bill Nauman « Contrapposto studies », Théogonie d’Hésiode pour le mythe de Vénus, le poème « Brise » d'Arthur Rimbaud.
Françoise LEVY
Traces ou empreintes à l’encre de Chine ou à l’aquarelle sur lesquelles j’utilise la technique de Mixed Media pour raconter avec des mots et des images une histoire qui parle directement à ma sensibilité mais qui laisse à chacun la liberté de l’interprétation.
Hélène MARQUET
Une ligne.... une forme...une fleur... Place à notre imagination !
Marie-José RAVOTEUR
A partir d'une matrice réalisée à la linogravure, j'ai effectué une quarantaine de dessins.
Le tronc d'arbre mort, point de départ de mon projet, m'a entraînée vers des productions végétales et florales. Thème qui m'est cher.
J'ai privilégié la technique du pastel sec.
Exercice enthousiasmant même si la production de tant de versions s'avère fastidieuse !
Isabelle PIN et Garance VENNAT
Clin d’œil à l’installation « les gardiennes » présentée lors de l’exposition « Expériences de femmes ».
Trois séries militantes féministes en linogravure.
Tu me pulvérises, me submerges, m’humilies… « Et tu dis que tu m’aimes… ». Leitmotiv des hommes violents.
« Je suis la femme de ma vie ». Femme eau, femme bois, femme végétale, femme résiliente…Je m’aime telle que je suis.
« Eclats de femmes ». Morceaux de vie, morceaux d’âme, morceaux de chair…Femmes brisées qui sans cesse se reconstruisent, rassemblant leurs débris pour dresser un rempart face à toutes les violences.
Sandrine ZEDAME
La jeune fille à la perle de VERMEER est le portrait d’une jeune fille anonyme. Surnommée la « Joconde du Nord », elle incarne le mystère, la beauté et la familiarité.
Mes dessins s’ajoutent à la longue liste des revisites de cette figure iconique. Ils en font l’incarnation de luttes pour la défense des droits, de problématiques sociétales, d’artistes et de créatures légendaires qui nourrissent l’imaginaire et le positionnement politique.
Les titres dévoilent les références. Certaines très explicites : MATISSE, PICASSO, KUSAMA, NIKI … Ou encore, Afghane, love has no gender … D’autres, plus mystérieux, IMOJA, MURIU …
Au-delà du petit jeu de devinette : qui ou que se cache-t-il derrière l’image, je vous invite, dans cette période de crise protéiforme, à la réflexion sur la culture, l’actualité et l’engagement.
Et un article de Selim Lander !
Un nouveau " portfolio " du PABE : manière d'aiguiser son jugement
Qui ne connaît, en Martinique, le PABE ( Plastik Art Band Experimental), ce groupe d'artistes plasticiennes de tous âges et qui, sous la bienveillance houlette de Michelle Arretche, trouvent d'an...
https://www.madinin-art.net/un-nouveau-portfolio-du-pabe-maniere-daiguiser-son-jugement/